Vendredi 3 novembre 1950 : Un Lockheed L-749 Constellation d’Air India International baptisé “Malabar Princess” assurant la liaison Bombay Londres via le Caire et Genève, piloté par le commandant britannique Alain Saint, s’écrase en tuant son équipage et ses quarante passagers. C’est la première grande catastrophe aérienne civile dans le massif du Mont-Blanc.
Les recherches aériennes, rendues difficiles par une météo épouvantable, s’organisent. Firmin Guiron y participera. Deux jours après le crash, le 5 novembre, un avion Swiss Air repère les débris du Constellation aux alentours des rochers de la Tournette à 4.677 mètres d’altitude, pratiquement 1000 mètres après le refuge Vallot, sur l’arête terminale sur la voie normale du Mont-Blanc. A une centaine de mètres sous l’arête de aiguille du Goûter, sur le versant italien, une aile avec le renflement d’un moteur tranche sur la neige.
A Chamonix, les secours se mobilisent et se préparent au pire. Nul n’a jamais tenté le mont Blanc en novembre où la neige fraîche s’éboule en avalanches et cache la gueule tordue des crevasses. Sous la direction de René Payot, moniteur-chef de l’E.H.M. une caravane d’une trentaine d’éclaireurs skieurs se met en route depuis le téléphérique de l’Aiguille du Midi. Hélas, emporté dans une coulée de neige, le guide chute dans une crevasse dissimulée sous un important manteau neigeux, non loin de la gare des Glaciers. René Payot succombe. Et drame du destin, à près de 100 mètres du lieu où une avalanche avait emporté son frère en 1939.
Les aviateurs préparent d’éventuels parachutages. Les secours chamoniards renoncent apre?s cette trage?die, alors qu’une autre caravane partie de Saint Gervais finit par atteindre l’e?pave pour ne plus rien trouver de vivant.
L’e?quipage anglo-indien se composait : le pilote, Commandant Alan R.Saint, un as britannique, le copilote Vy Korgaokar, le navigateur S.Antica, le premier-me?canicien Gomes, le deuxie?me-me?canicien D. Ranghuram, la radio P. Nazir, l’intendant S. Ganesh et l’ho?tesse Mme Grostate. Les 39 passagers, en majorite? des marins qui rejoignaient leur bateau en Angleterre.
Le lundi, dès 7 h 30 le plus célèbre de nos aviateurs de haute montagne, le chef-pilote Guiron, s’envole de Passy emmenant dans son appareil le chef de bataillon Flottard, commandant de l’Ecole militaire de haute montagne de Chamonix, chargé de coordonner les opérations. A leur retour, on peut reconstituer le drame avec une marge suffisante de probabilité : l’appareil a buté à une quinzaine de mètres sous l’arête, mille mètres au-delà du refuge Vallot ; y a perdu son aile droite éboulée sur le versant italien puis, rabotant la haute neige qui couvrait l’arête, a comme éclaté, couvrant de ses débris un kilomètre du versant français. A quinze mètres près, le Malabar Princess était sauvé !
Un des moteurs de l’épave sera retrouvé le 15 septembre 1989 à la surface du Glacier des Bossons, à 1 900 m d’altitude. Un deuxième moteur sera retrouvé le 22 septembre 2008 à 2 000 m d’altitude sur le même glacier.