Mort au combat. Tel est le destin du pilote dont l’avion s’est écrasé en mai 1940 dans les bois de Prenois (Côte-d’Or), après avoir attaqué trois bombardiers allemands, au dessus de la base de Dijon-Longvic.
Lors de la commémoration du 8 mai 1945, les habitants de Prenois sont conviés à venir se recueillir près d’une stèle édifiée sur le lieu où en 1940, durant la seconde guerre mondiale, un avion a été abattu. Ce bois porte depuis ce jour le nom de “bois de l’aviateur”.
Qui était ce pilote, dont le nom Emile-Adrien Boymond est gravé sur la stèle ? (1)
Grâce aux renseignements obtenus auprès de sa famille, et de l’armée française, il a été possible de lui donner un visage et de retracer son funeste destin.
Emile-Adrien Boymond est né en 1913 à Annemasse, en Haute-Savoie. Orphelin de mère très jeune, il fut élevé par son père, instituteur. D’après sa famille, il était de nature attachante, mais indiscipliné, téméraire, voire même casse-cou.
Il s’engage à 18 ans dans l’aviation française à Bron, proche de Lyon. En 1938, à l’occasion d’un meeting aérien, il se fait remarquer d’une façon qui le caractérise. Un article retrouvé dans les annales de son village révèle que « l’avion du sergent aviateur capota à Thairy et se brisa à l’atterrissage dans un terrain trop lourd. Bilan pour le pilote : un bras cassé ». Le sergent Boymond avait « emprunté » un avion militaire sans en avertir ses supérieurs !
Un très bon pilote
En 1940, le sergent-chef Emile Boymond, chef de patrouille, était noté comme un très bon pilote, très entraîné.
Le 10 mai 1940, les archives militaires indiquent que la patrouille Boymond a trouvé un Do17 de la Luftwaffe au sud-est de Dijon ; l’aventure s’était finie par une descente en flamme de l’ennemi.
Le 14 mai 1940 à 11 h 35, le sergent-chef Boymond et le sous-lieutenant Steunou étaient partis en couverture de la région de Dijon. En difficultés mécaniques, le second avait atterri peu après alors que Boymond avait pris seul la direction de Dijon. Dix minutes après, il signalait qu’il s’apprêtait à attaquer seul un groupe de 9 bombardiers Heinkel 111 au-dessus de la base de Longvic. Ce fut son dernier message. Il toucha un Heinkel, mais fut touché à son tour et termina en flammes dans les bois de la commune de Prenois.
Tombé au champ d’honneur
Selon un extrait du journal de bord de l’escadrille du sergent-chef Boymond : « Le 15 mai, un deuil frappe l’escadrille, le premier de la guerre, notre camarade Boymond, absent depuis la veille est tombé au champ d’honneur après avoir mené jusqu’au bout un combat inégal. Nous perdons en lui un véritable ami et un pilote de grande classe ».
Le 16 mai, un pilote se rendra à Dijon pour déposer une couronne sur la dépouille du sergent-chef Boymond. Il sera enterré dans sa commune (il était originaire de Saint-Julien-en-Genevois) et figure sur le monument aux morts. Trois citations de l’armée de l’Air lui ont été attribuées.
De son courage demeure, dans la forêt de Prenois une stèle érigée par son frère Maurice dans les années soixante qui porte son nom, ainsi que les restes de son Morane 406.
Jean-Yves DUPONT.
(1) D’après une enquête réalisée par Françoise Lebrun, conseillère municipale de Prenois.
Sources : Le Bien Public, les sites de François-Xabier Bibert, et de Daniel Gilberti HISTAVIA21
Remerciements : Paul Mathevet, François-Xabier Bibert, Dan Gilberti.