A Excenevex, samedi 6 juin.

A Excenevex, samedi 6 juin.

Les mécaniciens de l’Elément air rattaché (EAR 279) de Châteaudun (Eure-et-Loir) peuvent tirer un coup de chapeau aux trois bénévoles des Ailes anciennes de Haute-Savoie, qui ont réussi, jeudi 4 juin, en l’espace d’une journée, à remonter la voilure du Mirage F1-CT n°220, avec, dirons-nous, seulement trois bouts de ficelle. Car sans outillage spécifique, ce n’était pas gagné. “Le plus difficile, c’était d’aligner les ailes sur les axes de voilure”, évoque Eric Pervé, le président et fondateur de l’association.

Equipés d’un chariot élévateur, de quelques longues planches et de tréteaux de maçon, Eric, Gérald et Steve en sont venus à bout, et à 18h30, le 220 retrouvait ses ailes solidement fixées à leur emplanture. Première sueur froide, le moment où il a fallu “trouver le point d’équilibre pour soulever l’aile avec le chariot élévateur, raconte Gérald. Afin de la placer dans la bonne position pour la présenter au fuselage”.

Pour Gérald, l’aile droite était plus difficile à monter que la gauche, comme il a pu le constater en décembre 2019 à Châteaudun, lors du démontage des ailes du Mirage. “Le problème des axes, c’est qu’avec un dixième de millimètre d’écart, on ne peut pas mettre les fourreaux, d’autant plus qu’ils ne sont pas chanfreinés”, explique-t-il. Mais pourquoi la droite ? “Je pense que les ajustements sont beaucoup plus serrés au niveau des axes de l’aile droite, laquelle sort et rentre plus difficilement que la gauche”, justifie-t-il, avant de conclure : “Nous avons passé plus de temps sur l’aile droite, puis ça s’est beaucoup mieux passé avec la gauche.” Quant aux tréteaux et aux planches, “c’était au cas où une élingue ne vienne à se rompre”.

Le Mirage F1-CT n°220, sous le hangar des Ailes anciennes de Haute-Savoie, samedi 6 juin.

Le Mirage F1-CT n°220, sous le hangar des Ailes anciennes de Haute-Savoie, samedi 6 juin.

L’opération fut tout de même délicate, sachant qu’un plan pèse un peu plus de 700 kg. “Cela n’a pas été évident, et nous avons effectué pas mal de manœuvres, notamment en secouant un peu l’aile pour arriver à la faire entrer”, se rappelle Gérald, entre deux bouffées de cigarette. “Il fallait que ce soit bien ajusté pour ne pas que l’attachement des ailes ne vienne se bloquer à l’intérieur du fuselage”, enchaîne Eric, alors que Steve s’active à connecter des raccords hydrauliques, perché sur le dos du chasseur de plus de 7 tonnes.

Présent à l’EAR 279 lors du démontage du F1 n°220 pour le transporter à Excenevex, Gérald se souvient que les militaires avaient utilisé “un appareil de manière à mettre le fuselage de niveau sur deux axes, avec l’aide de chandelles”. Puis, c’est avec un chariot, “sur lequel était monté un dispositif mobile en X-Y”, qui a permis de retirer l’aile “tout en la maintenant à niveau par rapport au fuselage”.

Steve et Eric (à droite) sur le dos du Mirage F1, en train de remettre une trappe de visite, samedi 6 juin.

Steve et Eric (à droite) sur le dos du Mirage F1, en train de remettre une trappe de visite, samedi 6 juin.

Pour Eric, voir le Mirage F1, ailes collées à son fuselage galbé, sous le toit de tôle ondulée renforcé d’arceaux, est la concrétisation d’un projet qui remonte déjà à 1994-1995, années de sa première demande auprès des instances militaires pour que l’association puisse accueillir un avion réformé. “Le voir là, c’est un aboutissement, confie-t-il au pied du Mirage. Nous avons rempli notre contrat. Comme quoi, on est capable de faire plein de choses avec beaucoup de volonté”, songe-t-il, les yeux pétillants d’avoir réussi cette formidable prouesse.

Steve travaille sur l’emplanture de l’aile droite, deux jours après le montage des plumes du Mirage F1-CT, samedi 6 juin à Excenevex (Haute-Savoie).

Steve travaille sur l’emplanture de l’aile droite, deux jours après le montage des plumes du Mirage F1-CT, samedi 6 juin à Excenevex (Haute-Savoie).

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