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Jérôme Meyrand raconte le parcours d’Alain Maubert, qui, après avoir passé un bac D, s’est engagé dans l’armée de l’air pour devenir, deux ans plus tard, pilote de chasse.

« 30 000 pieds au-dessus de la planète, sous les deux avions, s’étendait une mer de nuages uniforme, immobile, bosselée, d’une blancheur immaculée. Une nappe moelleuse, infinie, qui s’étirait sous un ciel d’un bleu limpide. Ce qu’Alain regardait surtout, c’était ses paramètres vitaux, la position des différents sélecteurs du tableau d’armement, le réglage du radar sur le mode approprié, dont l’écran scintillait, affichant des chiffres d’un vert froid. Ce combat à un contre un se jouerait au Magic. Alain resserra machinalement ses harnais, qui lui comprimaient le thorax. Puis, les deux jets se séparaient, d’un violent coup d’aile, dans une direction opposée. Ils s’éloignaient l’un de l’autre pour ne devenir que deux minuscules croix noires sur le fond de la toile indigo, où le disque jaune du soleil était suspendu. »

En lisant  ”Pilote de chasse avec seulement le bac”, vous ne penserez plus que pour devenir commandant de bord d’un monoplace dépassant Mach 2, il est indispensable de passer par la case maths sup-maths spé. A travers le parcours de celui qui fut breveté à Tours à l’âge de 20 ans, le lecteur se retrouvera comme embarqué dans chacune de ses montures à doubles commandes, de plus en plus rapides et puissantes, à la manière d’un sportif de haut niveau, repoussant ses limites physiques. Mais à l’école de la chasse, bien souvent le travail musculaire cède la place au travail mental, où le moindre relâchement peut transformer le rêve du macaronnage en un atterrissage forcé, et un retour à la vie civile.

Publié par les éditions JPO en février 2017, ”Pilote de chasse avec seulement le bac”, de Jérôme Meyrand, fait partie de ces livres d’aviation écrits d’abord par des passionnés, qui ne peuvent s’empêcher de rêver tout haut, en entendant le chant d’un réacteur, en humant l’air saturé de gaz brûlés. Sans être du métier, ce journaliste spécialisé dans la machine-outil a cherché à faire vivre de l’intérieur le long cheminement qui mène au sacre du brevet métallique, ailes dorées cerclées d’une couronne et surmontée d’une étoile.

Du chasseur au liner

Titulaire d’un bac D, Alain Maubert, né en 1967 à Marseille, entre dans l’armée de l’air le 29 janvier 1986. Le 14 décembre 1987, le voilà diplômé, qualifié sur Alphajet. Un rêve de gosse devenu réalité en moins de deux ans.

L’auteur de cette biographie, né en 1973, y décrit un apprentissage exigeant, où l’enseignement du vol est un art très appliqué. Ici, ce sont les compétences professionnelles, l’expertise et la maitrise technique qui font la différence. Un entraînement constant, même à l’issue de la qualification ultime de chef de patrouille (sur Mirage F1C puis 2000N), que l’on retrouvera d’un bout à l’autre de cet ouvrage, qui a nécessité des dizaines d’heures d’entretien avec Alain Maubert, aujourd’hui copilote sur Boeing 777 à Air France, après avoir quitté les forces en 2004.

Saint-Exupéry, Clostermann…

Technicien industriel de formation, Jérôme Meyrand ne se destinait pas à devenir journaliste. Alors que ce Drômois de 43 ans s’était promis, jeune lycéen à Valence, de rentrer à l’école d’enseignement technique de l’armée de l’air de Saintes pour devenir mécanicien aéronautique, un examen médical révèle qu’il est daltonien, ce qui lui interdira d’exercer une telle profession. Sa passion pour l’aviation remontait dès son plus jeune âge, transmise par son père René, qui avait incorporé le génie de l’air, en pleine guerre d’Algérie. Découvrant les œuvres d’Antoine de Saint-Exupéry, et par là même la littérature, Jérôme Meyrand comprend que les mots seront un antidote à sa frustration.

Lorsqu’il intégra, sur concours, une formation professionnelle dans la presse écrite locale, à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, en 1998, une autre passion anime ce bénévole, qui œuvre à l’association des Ailes anciennes de Haute-Savoie, qui restaure d’avions de collection. Après quatre années à exercer la fonction de localier, ce titulaire d’un BTS en mécanique et automatismes industriels saisit l’opportunité de prendre la responsabilité d’une revue technique, d’abord dans l’industrie du décolletage, puis dans le secteur de la machine-outil. Entre temps, le jeune journaliste se souvient qu’un autre auteur l’avait marqué : Clostermann. La littérature aéronautique ne le quittera plus jamais, jusqu’à ce qu’il se lance à son tour dans l’écriture, en choisissant la biographie, qui sera un véritable apprentissage d’écrivain.

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